Les innovations du jour de ‘Achoura
بدع عاشوراء
[باللغة الفرنسية ]
Ibn Taymiya
شيخ الإسلام أبن
تيمية
Publié par le bureau de prêche de tenawi)
L’islam à la portée de tous !
المكتب التعاوني
للدعوة وتوعية الجاليات بالربوة بمدينة الرياض
1430-2009
Au nom d’Allah,
l’Infiniment Miséricordieux, le Très miséricordieux
Les innovations du jour de ‘Achoura
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya fut
interrogé sur certaines pratiques, qui ont lieu à l’occasion de ‘Achoura,
comme (à titre d’exemples) :
- Se préparer le jour de ‘Achoura pour mettre du
khôl autour des yeux et mettre du henné.
- Préparer un mets spécial pour ce jour précis.
- Prier d’une manière spécifique ce jour précis.
- Se flageller jusqu’au sang, déchirer ses
vêtements comme le font certains chiites ce jour et toute l’année !
- Visiter le cimetière spécialement en ce jour.
- L’achat d’instruments de musique et porter un accoutrement
distinct.
- Les dépenses pour les enfants.
- Sacrifier une bête ce jour précis.
- Allumer des cierges ou des feux d’artifice ce
jour précis, etc.
Il a alors répondu (extraits
de : Majmû’ el Fatâwa (25/299-317) :
Louange à Allah, Seigneur de l’Univers !
Il n’existe aucun Hadith authentique sur le sujet qui
proviendrait du Prophète (r)
ou de ses Compagnons. Aucune référence musulmane n’a recommandé de faire ce
genre de pratiques ni parmi les Imams des quatre écoles ni personnes d’autres
d’ailleurs. Aucun recueil de référence ne rapporte quoi que ce soit de ce genre
ni de la part du Prophète (r)
ni de la part de ses Compagnons ou de leurs Successeurs ; ces recueils ne
renferment sur la question aucunes annales qu’elle soit faible ou authentique
ni dans les Sahîh ni dans les Sunan ou
encore dans les Musnad. Aucun Hadith de ce genre ne fut
recensé à l’époque de l’âge d’or musulman.
Néanmoins, certaines
personnes des générations plus récentes rapportent certains Hadiths
de ce genre disant par exemple que « quiconque se passe du Kohol le
jour de ‘Achoura sera préservé de la conjonctivite pendant toute l’année »
ou « quiconque fait la grande ablution le jour de ‘Achoura ne
tombera pas malade pendant toute l’année », etc. D’autres annales (toutes
aussi fausses NDT) concernent les mérites de la « prière de ‘Achoura » ;
ce serait également le jour où Adam fit son repentir, le jour où l’arche de Noé
échoua sur la montagne d’el Jûdî, où Youssef retrouva son père, où
Ibrahim fut sauvé du feu, où son fils fut remplacé par un bélier, etc.
Certains rapportent
un propos prophétique purement inventé disant : « Allah fait des
largesses durant le reste de l’année à quiconque fait des largesses à sa
famille le jour de ‘Achoura. » cette version remontant au Prophète (r) est complètement
fausse bien qu’elle soit plus connue sous les paroles de Sufiân ibn ‘Uaïyna
qu’il rapporte d’Ibrahim ibn Mohammed ibn el Muntashir, qu’il rapporte lui-même
de son père. Ce fameux Ibrahim compte parmi les habitants de Kûfa connus
pour s’être divisés en deux groupes ; les Rafidhîtes qui se
revendiquent être les partisans de ‘Ali alors qu’en réalité ils sont soit des hypocrites
(Zindîq) athées soit des ignorants qui se sont laissés envahir par les
passions. L’autre groupe ; les Nâsibites se mirent à détester le
troisième Calife et ses adeptes suite aux événements qui eurent lieu à son
époque.
Or, il est certifié
dans Sahîh Muslim que le Prophète (r) a déclaré : « Il
y aura dans la tribu de Thaqîf un grand menteur et un tyran (mot-à-mot il
convient de dire un exterminateur NDT) » Le grand menteur c’est el
Mukhtâr ibn ‘Ubaïd e-Thaqafî qui s’est fait passer pour un partisan de ‘Ali
avant de revendiquer qu’il recevait la Révélation de la part de Jibrîl. Le
tyran s’incarne en la personne d’el Hajjâj ibn Yûssef e-Thaqafî qui en
raison de son opposition à ‘Ali et à ses partisans comptait parmi les Nâsibites.
Pour avoir revendiqué la prophétie, le premier de ces deux hommes, un Rafidhîte
était plus éloigné des préceptes de la religion que l’autre qui incarnait la punition
céleste à l’encontre de tout rebelle s’étant révolté contre les autorités en
place. Il y avait à Kûfa des troubles entre ces deux groupes dont la
mort d’el Husaïn (t), le jour de ‘Achoura
est l’un des épisodes. Allah lui a ainsi fait l’honneur du martyr comme il l’a
fait à d’autres membres de sa famille à l’exemple de son père, de Ja’far, et de
Hamza.
À travers cela, il a
gagné en degré et en mérite en sachant que lui et son frère sont les maîtres de
la jeunesse au Paradis. Les hauts échelons du Paradis ne s’acquièrent qu’à
travers de dures épreuves. Les prétendus partisans d’el Husaïn l’ont
vilement abandonné après lui avoir promis leur soutien alors que les vrais
alliés d’el Husaïn à l’exemple d’ibn ‘Abbâs et d’ibn ‘Omar lui avaient
conseillé de ne pas se rendre chez ces gens-là. Il y a eu ensuite ce qui devait
arriver. Par la suite, ces mêmes prétendus partisans ont fait de ‘Achoura
un jour de deuil au cours desquels ils exhibent des pratiques de l’ère païenne
comme le fait de se griffer le visage, de se déchirer les vêtements, et de se
faire les condoléances à la manière du paganisme. L’Islam nous ordonne pourtant
de dire en cas de malheur : « Nous sommes à Allah et s’est vers
Lui que nous retournons ! »
Dans ce registre, le
Prophète (r) a affirmé : « Quiconque se griffe le visage, se déchire les
vêtements et profèrent des invocations païennes ne fait pas partie des nôtres. »
Il (r) a préconisé par
ailleurs : « Il n’y a pas un homme qui
après avoir subi un malheur et qui, s’en étant rappelé après une certaine
période, prononce : Nous sommes à Allah et c’est vers Lui que nous
retournons, sans qu’Allah lui offre la même récompense que le jour où il l’a
subi. »
C’est une faveur que
le Seigneur fait grâce au croyant. C’est pourquoi il incombe de prononcer cette
formule toutes les fois où la mort d’el Husaïn nous vient en mémoire afin
de recevoir la même récompense que lui le jour où il a connu le martyr. Allah
nous impose d’endurer et de patienter immédiatement après avoir subi un
malheur ; il incombe d’autant plus de patienter après une longue période.
En faisant revivre
cet événement à travers les pleurs, les poésies mélancoliques, et les annales
historiques qu’ils enrobent de mensonges, ils ne font que rouvrir les plaies et
cultiver la haine et le fanatisme entre les musulmans ; surtout s’ils en
profitent pour injurier les prédécesseurs… à l’inverse et en réaction à ce mal,
leurs adversaires Nâsibites ont rendu le mal par le mal,
l’hérésie par l’hérésie, le mensonge par le mensonge, la corruption par la
corruption. Ils ont ainsi inventé des textes disant que ‘Achoura est
l’occasion d’exprimer la gaité et la joie à travers le Kohol, le
« henné », les dépenses pour les enfants, les plats faits spécialement
pour les grandes occasions et les fêtes, etc.
Ainsi, les uns
prennent ‘Achoura pour un jour de deuil et les autres le prennent pour
un jour de fête alors que les deux parties sont littéralement opposées à la Sunna ;
bien que la première d’entre elles soit plus perfide et plus injuste, l’Islam
nous commande malgré tout de rester justes.
Ni le Messager
d’Allah (r) ni les Califes
après lui n’ont légiféré quoi que ce soit de ce genre le jour de ‘Achoura ;
ce n’est ni un jour de deuil ni un jour de fête.
Arrivé à Médine, le
Messager d’Allah (r) trouva les juifs en
train de jeûner le jour de ‘Achoura. Dès lors, il (r) les interrogea en
ces termes : « Quel est ce jour que
vous consacrez au jeûne ?
- C’est un jour illustre, ont-ils répondu, il correspond au jour où
Allah sauva Mûsâ et son peuple des mains de Pharaon et de son armée qu’Il fit
périr sous les eaux. Mûsâ lui consacra alors un jour de jeûne par
reconnaissance envers Allah, c’est pourquoi nous jeûnons ce fameux jour.
- Nous sommes plus dignes de Mûsâ que vous ! leur a-t-il
répondu. »
Les Quraïshites
encensaient également ce jour au temps du paganisme. Au début, il ordonna aux
gens de jeûner un seul jour. Sa venue à Médine correspondait au mois de Rabî’
el Awwal. Il dut attendre l’année suivante pour jeûner ‘Achoura ;
cette même année le jeûne du mois de Ramadhan fut prescrit. C’est
ainsi que le jeûne de ‘Achoura fut abrogé.
Les savants ont
toutefois divergé sur la question de savoir si dans un premier temps, le jeûne
de ‘Achoura était obligatoire ou simplement recommandé. Il existe deux
tendances connues sur la question dont la plus vraisemblable est celle qui lui
donnait un aspect obligatoire. Par la suite, il fut simplement recommandé de
jeûner pour celui qui voulait le faire.
Le Prophète (r) n’a pas ordonné à
tout le monde de jeûner ce fameux jour, mais il s’est contenté de dire : « Aujourd’hui c’est ‘Achoura et moi je jeûne
aujourd’hui, quiconque veut jeûner n’a qu’à le faire. » Il
a également dit : « Jeûner le jour de
‘Achoura permet d’effacer une année de péchés tandis que jeûner le jour de
‘Arafa permet d’effacer deux années de péchés. »
À la fin de sa vie
cependant, il a appris que les juifs consacraient un jour de fête à l’occasion
de ‘Achoura, c’est pourquoi il affirma en vue de se distinguer des juifs :
« Si je suis encore en vie l’an prochain, je jeûnerais également le neuf.»
Il ne voulait pas donner l’impression qu’il lui consacrait également un jour de
fête. Certains Compagnons et certains savants préféraient ne pas jeûner à cette
occasion ; ils considéraient qu’il n’était pas spécialement recommandé d’y
jeûner. Ils pensaient qu’il était plutôt déconseillé d’y consacrer un seul jour
de jeûne. D’autres savants estiment à l’inverse qu’il est recommandé d’y
jeûner.
En vérité, il est recommandé
d’y jeûner à condition de jeûner auparavant le neuvième jour de Muharram
étant donné que cela correspond au dernier ordre du Prophète (r) sur la question.
Voici donc ce que veut la Tradition. Quant à consacrer certaines pratiques à
l’occasion de ‘Achoura comme le fait de sacrifier une bête, de mettre du
Kohol, du henné, des vêtements neufs, de donner de l’argent aux enfants,
de faire les réserves de l’année, de se serrer exprès la main, de se visiter,
de visiter les mosquées ou les mausolées, etc. cela relève de l’innovation
condamnable que le Prophète (r)
n’a jamais légiférée ni lui ni les Califes après lui. Aucune grande référence à
l’instar de Mâlik, e-Thawrî, e-Laïth ibn Sa’d, Abû Hanîfa, el Awzâ’î,
e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, Ishaq ibn Râhaway, etc. ne
l’a jamais recommandé. Certains savants parmi les dernières générations
assument certes que certaines annales sur la question ont une origine. Mais en
cela, ils ont tort comme le confirment les spécialistes en la matière…
Que les prières d’Allah et Son
Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,
et tous ses Compagnons !
L’islam
à la portée de tous !